Les abeilles parcourent un territoire jusqu’à 3 kilomètres à la ronde pour récolter le pollen et le nectar des fleurs dont elles se nourrissent. La survie et le bien-être d’une colonie d’abeilles, à l’instar de bien d’autres insectes pollinisateurs, est donc tributaire de la diversité écologique et agricole de son environnement de proximité. Cette diversité se retrouve si l’on regarde à 3 kilomètres à la ronde des Hortillonnages : une production maraîchère reconnue, de grandes cultures de céréales en pourtour d’Amiens et quelques fruitiers disséminés, çà et là, dans le maillage des parcelles des Hortillons ou le tissu des jardins des lotissements.
La démarche des paysagistes est de faire du jardin un lieu-recueil de la richesse variétale présente dans ce territoire des 3 kilomètres à la ronde. Le jardin entre en résonance et en dialogue avec son territoire grâce aux pouvoirs butineurs des abeilles. Il devient dès lors un lieu privilégié de collecte de la diversité des pollens et des nectars présents dans les Hortillonnages.
Depuis des temps immémoriaux la qualité de pollinisation effectuée par les abeilles améliore la reproduction des plantes qui nous nourrissent. Elles en deviennent plus savoureuses ou plus fertiles pour certaines, plus sucrées ou d’une teneur en huile plus importante et plus qualitative pour d’autres. C’est donc une histoire de coévolution qui se tisse au sein de ce trio Hommes/Abeilles/Productions. C’est cette relation d’interdépendance qui est thématisée et mise en scène dans ce jardin afin de mieux en porter la réflexion auprès du public.
Trois grandes thématiques de production sont ici illustrées selon trois lignes qui reprennent le motif de jardin : les grandes cultures, l’arboriculture fruitière et les cultures maraîchères.
Les trois ruches en saules tressés insérées au sein de ces trois lignes sont positionnées en gardiennes et garantes de ces rangées, symboles des productions qui nous nourrissent.
Le saule, composante végétale majeure dans les Hortillonnages, devient motif pour construire et accompagner ces refuges de vie.
Le platelage central est l’axe de symétrie séparant la première partie inaccessible occupée par les ruches du reste du jardin. Cette ligne centrale agit comme le point de réflexion géométrique et mentale sur cette interdépendance et complémentarité Abeilles/Hommes/Nourriture.
La mise en scène du jardin vise à questionner l’importance de la diversité agricole présente dans les 3 kilomètres à la ronde, et par-là même nous interroge sur la survie des abeilles et de notre propre autonomie alimentaire.
L'artiste
Alix Eoche-Duval & Cyril Servettaz