Akpaku, calebasse en Éwé (une langue parlée au Togo), est un fruit utilisé à l’état sec pour divers usages qui a surtout une fonction symbolique dans certaines croyances africaines, celle d’un objet rituel matérialisant la forme du monde invisible sur Terre et servant à conserver des décisions sacrées entre les hommes et les divinités.
Dans les Hortillonnages, l’œuvre de Kokou Ferdinand Makouvia reprend ce rituel. Akpaku convoque les ancêtres des lieux pour une conversation avec les éléments du site afin de réfléchir à la préservation de cet environnement et à son identité. Durant le processus de création, l’artiste récupère des petits objets de part et d’autre des parcelles et collecte des souvenirs chez les habitants des communes à proximité du site. Remplie de ces trouvailles et fermée hermétiquement, la calebasse forme alors le noyau d’une gigantesque laitue flottante en céramique, en hommage à l’époque maraîchère des Hortillonnages. Les feuilles de la laitue sont issues des quatre éléments de la nature utilisés à travers la technique de la céramique : la terre et l’eau puis l’air et le feu. Tels des murs protecteurs, ils constituent une architecture intelligente autour de la calebasse, un “espace sacré” de conversation entre les forces vives des Hortillonnages. L’œuvre devient alors un concentré des énergies du site. Le visiteur est invité à participer à ce rituel de l’Akpaku, cette grande et infinie conversation, en prononçant quelques mots sur une poignée de terre qu’il pourra jeter dans l’eau à côté de l’installation.
L'artiste
Kokou Ferdinand Makouvia