La démarche de l’artiste consiste à créer autant une forme plastique qu’une situation ou une expérience. Les ressources d’une sculpture sont celles trouvées sur place et impliquent une rencontre avec les personnes vivant à proximité du lieu d’exposition.
Dans ce projet, l’artiste propose une architecture de treillis, construite à partir de matériaux collectés auprès des Amiénois. Il s’agit d’objets usagés en forme de tige ou de baguette, tels que des tringles à rideaux, des règles, des cannes à pêche, des rames, des manches à outil, des flèches, des pompes à vélo, des antennes de voiture, des bambous ou encore divers ustensiles.
Liés les uns aux autres en fonction de leur taille et de leur poids, ces éléments forment un ensemble rhizomique, une structure de tuteurs qui se soutiennent et se solidifient mutuellement. Conçue pour accueillir la croissance de légumes grimpants – haricots, pois, courges, chayottes ou concombres –, cette construction peut également être traversée par les visiteurs.
Grâce à un appel à contribution, les éléments de construction ont été collectés dans les environs des Hortillonnages, mais aussi dans des quartiers plus éloignés : chez des particuliers, dans des institutions publiques, dans des garages, des caves ou des greniers, où ces objets sommeillaient parfois depuis des années. Ils représentent autant les lieux que leurs habitants, dessinant une géographie concentrée, composée d’éléments individuels provenant de toutes les directions.
Chaque objet porte en lui une histoire, qu’elle soit anodine ou grave, oubliée ou connue de tous. L’ensemble ainsi constitué reflète la diversité et la complexité d’une communauté, à la fois harmonieuse et contradictoire.
Ce dispositif fonctionne comme un outil de culture horticole. La construction devient un potager suspendu et vertical, permettant le développement de plantes grimpantes atteignant trois à quatre mètres de hauteur. En s’appuyant sur cette structure, ce potager vertical unifie et dynamise l’ensemble contrasté des objets collectés. La notion de tuteur en constitue l’essence poétique. Une récolte des légumes mûrs donnera lieu à des événements ou des distributions, bouclant ainsi la boucle initiée par la « récolte » des objets.
Ce projet s’inscrit dans une série de sculptures intitulée Les grands ensembles, dans laquelle l’artiste expérimente différentes formes d’assemblage collectif. Ce type de construction a déjà été présenté dans divers lieux, notamment à La Criée – centre d’art contemporain à Rennes (2014), à la Comédie de Caen (2023), ainsi qu’à la Villa du Parc – centre d’art contemporain à Annemasse et au Kunstverein Ebersberg en Allemagne en 2024.
À chaque nouvelle version, le résultat demeure imprévisible et impossible à dessiner en amont, car la forme finale dépend des éléments collectés au fil du processus. Surprise, imprévu et improvisation sont au cœur de cette approche.
La proposition pour le Festival international des jardins constitue une première version en plein air, intégrant pleinement le vivant à cette démarche sculpturale.
L'artiste
Jan Kopp