Depuis plus d’un an, Séverine Hubard réfléchit à l’idée de protection. Les architectures nous protègent-elles ? Comment et de quoi se protéger ? Un abri est une structure architecturale de base ou un bâtiment qui offre une protection contre l’environnement local. Au fur et à mesure de ses recherches, une confusion se met en place entre le refuge qui sert à se protéger des attaques en temps de guerre et le refuge (de montagne) qui sert à se protéger des orages et des intempéries en période de vacances.
La sculpture ABRI reprend en effet les plans de l’Abri Anderson qui a vu le jour dans les jardins des ouvriers anglais pris sous les feux des bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Abri domestique bon marché contre les bombes, il était distribué aux familles pauvres afin d’être monté dans leurs jardins pour se protéger. Durant ses recherches, Séverine Hubard découvre une image d’archive où l’Abri Anderson est recouvert d’un gigantesque stock de bois de chauffage. Fascinée depuis toujours par la manière dont on stocke et range le bois de chauffage, elle associe cette image au site des Hortillonnages qui ont dû servir de lieu d’isolement pour nourrir et chauffer au bois les Amiénois pendant toutes sortes de périodes de crises.
ABRI est composé d’un socle qui porte le stock de bois qui vient cacher sa base. Ici le bois de chauffage n’est pas abrité mais abrite et cache l’abri. ABRI est une sculpture absurde où la question d’équilibre est essentielle. Évoquer la guerre à travers cette proposition, c’est évoquer le passé d’une ville qui en a souffert et en parler à toutes les générations. La sculpture devient en ce sens un monument érigé à ces anonymes, témoins silencieux de conflits. Le tunnel ludique est accessible et praticable par tous. Sentir le poids des stères de bois au-dessus de sa tête est une expérience unique à découvrir sur l’Île aux fagots. ABRI est un appel à vivre.
L'artiste
Séverine Hubard