Baptiste Gérard-Hirne, Emma Morillon et Mathilde Rouch ©Yann Monel
Aujourd’hui, Hortense accueille son fils et ses petits-enfants dans les hortillon- nages pour un dimanche en famille. Lorsqu’ils arrivent en barque non loin de sa parcelle, la vase épaisse rend la navigation de plus en plus difficile : ces végétaux en décomposition tapis dans le lit des rieux rognent petit à petit les centimètres d’eau…
Au cours de la journée, le fils d’Hortense lui fait part d’un regret : en venant en bâteau ce matin, ses enfants n’arrivaient toujours pas à repérer le chemin pour arriver jusqu’à l’île de leur grand-mère. Ils voient les hortillon- nages comme un véritable labyrinthe d’eau et n’ont pas appris à lire entre les lignes des plantes. Cela l’attriste fortement, lui qui est fils d’hortillonne depuis plusieurs générations.
Voyant son désarroi et sa difficulté à transmettre son savoir, Hortense se met à réfléchir…
Son regard se pose sur une masse de vase déposée sur la berge après le dragage des canaux. Les plus jeunes jouent dedans et Hortense perçoit alors cette matière envahissante comme une ressource.
Elle décide de la valoriser de façon ludique : en s’inspirant du tracé orthogonal des canaux, elle construit sur sa parcelle un labyrinthe végétal à échelle humaine, afin d’aider ses petits-enfants à s’orienter.
Elle crée des buttes régulières avec un mélange de vase, de paille, de copeaux, et de terre, qui servent de fondations au labyrinthe et de fertilisants pour les plantes.
Plus elle avance vers le centre du dédale, plus ses buttes sont travaillées et construites. Les espèces locales qu’elle y sème évoluent aussi, allant des ligneux sur les bords du labyrinthe, aux plantes vivaces, jusqu’aux espèces maraîchères
au centre. Cette grande diversité permet d’initier ses petits-enfants
à la reconnaissance des végétaux.
À la saison suivante, ils découvrent avec beaucoup d’entrain ce nouveau jeu qui leur rappelle aussi celui au sol de la cathédrale d’Amiens. Une sorte de miroir entre lieux de culte et de culture, avec en son cœur : l’eau.
L'artiste
Emma Morillon, Baptiste Gérard-Hirne & Mathilde Rouch