Avec pour vocation de transformer le paysage en image à l’aide de jeux kaléidoscopiques, cette sculpture-paysage sera installée au confluent de la Petite Avre et de la Somme, rue de Verdun, à Amiens. Labyrinthe de glaces, volière de lumière et cage à miroirs où 1000 reflets s’installent et colonisent la matière, cette structure proliférante s’ouvre comme une multitude de portails magiques sur l’archipel des jardins des Hortillonnages et crée ainsi un mirage dans le paysage des rives de la Somme.
Le projet artistique installe une série de mirages, un escamotage du réel, des jeux kaléidoscopiques. Intrigué, on commence par voir une sorte de léger décalage dans le paysage, comme si une image glissait sur une autre. La lumière colonise la matière, 1000 reflets s’installent et creusent des écarts par lesquels le regard et l’imagination s’engouffrent. La sculpture est un portail magique qui ouvre sur l’archipel des jardins. À l’intérieur, lorsque l’on pénètre sous et dans la sculpture, on a l’expérience d’un labyrinthe de glaces, une volière de lumière ou une cage à reflets dont la sortie n’est pas toujours évidente.
Entre nature – préservée, idéalisée et restituée – et nous, la sculpture. Traverser le sas perceptif des sculptures, c’est partir en voyage dans une structure auto stable proliférante et miroitante qui semble sortir du sol. Des géométries flottantes semblent émerger de la texture du paysage : ce sont des apparitions qui figurent un processus en cours : l’envahissement de l’archipel des Hortillonnages par des structures. Est-ce un processus de cristallisation ? S’agit-il d’un seul organisme rhizomateux ou doté d’Hyphes souterrains dont on ne verra que les émergences ici et là ?
À un moment, l’illusion d’optique advient, le paysage est transformé en image. Par la perception visuelle, par l’illusion d’optique, on en différencie plus ce qui est du reflet et ce qui est vu par l’impression directe de la lumière sur la rétine. Encadré par des miroirs, le paysage devient un reflet de lui-même, une image.
L’oeuvre échappe à son statut d’objet. Elle apparaît comme un mirage sur les berges de la Somme. La sculpture s’effile sur ses contours et se fond dans le paysage. On ne peut la détacher de son contexte, on ne sait plus décoller la forme du fond. Plus étonnant, on verra le paysage lui-même se dissoudre, être aspiré. Avec les mailles de leur filet, les structures de la sculpture tirent à elles le paysage du jardin. Dans l’air, le mélange de la trame orthogonale tridimensionnelle de la sculpture avec les ondulations pittoresques des jardins des Hortillonnages provoque une réaction optique, une combustion formelle.
L'artiste
Gilles Brusset