Jardin de la Paix chinois – « Les Dimensions de la Paix », 2024
Pendant la Grande Guerre, Noyelles abrita une importante base arrière britannique, dont un camp de travailleurs chinois. 80 000 travailleurs chinois sont passés par ce camp. En 1921, le gouvernement britannique décida l’édification d’un cimetière chinois à Nolette, à l’emplacement de l’ancien camp. 841 travailleurs chinois sont enterrés dans ce cimetière. La plupart travaillait dans ce camp entre 1917 et 1919.
Situé devant le cimetière, au niveau du parking, le Jardin de la Paix chinois « peut servir de pont qui relie des souvenirs et des lieux éloignés, d’où l’imagination peut sauter librement entre les dimensions divergentes de cette histoire, pour mesurer et réfléchir sur l’éternelle question de la paix. [Le] jardin est tranquillement et parfaitement imbriqué dans les champs environnants. Il disparaît presque dans le vaste paysage agricole, comme les souvenirs de la guerre et les âmes qui reposent ici. En même temps, le jardin évoque poétiquement le paysage plus large de la mémoire. Une étroite allée de sable nous mène du parking au jardin, se fondant dans les champs ouverts et doucement vallonnés qui l’entourent. L’allée passe devant la remarquable arche du cimetière sur la droite, et les murs du cimetière apparaissent indistinctement à travers les hautes cultures qui composent la majeure partie du jardin. Après être passé devant l’arche, le chemin se divise en deux : l’un se courbe vers l’arche, conduisant le visiteur dans le cimetière ; l’autre se dirige vers le cœur des champs, vers l’Est. […] La curiosité entraîne le visiteur au bout du “chemin de la mémoire” où il trouve un banc de pierre. Le visiteur est invité à s’asseoir seul et à faire une pause. À sa droite, les doigts du visiteur assis sur le banc touchent des mots gravés sur la surface du banc, entrelacés de petits caractères chinois et leur traduction française. Il s’agit d’une introduction du journal de Gu Xingqing, le traducteur du Labour Corps, qui décrit un spectacle extraordinaire de célébration à la fin de la guerre. L’expérience sera aussi sensible qu’un rêve et aussi réelle que ces délicates lettres sous le bout des doigts. La solitude absolue évoquée par la fin abrupte du chemin met en évidence toutes les dimensions contrastées de la paix. Alors que le visiteur se retourne vers le cimetière, son existence étrange et solitaire face au vaste champ ouvert semble maintenant agréable. […] Les graminées seront l’essence principale du jardin, des petites fleurs s’y glisseront comme des fleurs sauvages au milieu d’un champ de blé. Des pierres pourront venir souligner le tracé. A l’automne et en hiver, une fois les cultures fauchées, ces pierres continueront de tracer le parcours. Le travail laborieux de la fauche et du semi fait partie de la vie du site et de l’imaginaire de l’action que nous souhaitons proposer : Une “fête des moissons” pourrait célébrer cet évênement agricole à la fin de l’été, avec un travail à la main auquel pourrait participer la communauté chinoise, dans l’effort partagé, la poésie et la fête. »
Projet de TIAN Tian, WANG Di, CHU Junmin et GOUYOU – BEAUCHAMPS Laurent
L'artiste
TIAN Tian, WANG Di, CHU Junmin et GOUYOU-BEAUCHAMPS Laurent