Jardin de la Paix australien – « Jardin des Songes », 2024
Le Jardin des Songes rend hommage aux troupes australiennes ayant résisté et évité la prise d’Amiens pendant la Première Guerre mondiale. Son implantation au pied des remparts de la citadelle, dernier lieu de résistance à la prise dans la ville pendant la Seconde Guerre mondiale, renforce sa dimension symbolique et honorifique.
Le Jardin des Songes est imaginé comme une dernière pensée, un voyage d’esprit, moment où se mêle la confusion d’un rêve à la réalité. Celle de la projection d’un ailleurs dans le chaos des combats qu’un soldat Australien pourrait imaginer. Paysage rêvé de ceux qui ne reverront pas leur terre, en sacrifice pour la paix.
Au cœur de la cour, les visiteurs découvrent un grand jardin aux couleurs chaudes s’animant au gré des rayons du soleil comme un mirage. Un parcours informel se dessine dans les mouvements de sol et invite à découvrir subtilement la suite du jardin. Les cheminements sont constitués de briques concassées et de sable ocre qui rappellent conjointement les terres rouges du bush Australien et les remparts de la citadelle.
Les reliefs du sol s’inspirent des stigmates de la Première Guerre mondiale, des terrains accidentés par les bombardements et les tranchées encore visibles sur les champs de bataille de la Somme (Beaumont-Hamel).
Ces îlots de terre symbolisent également le morcellement des cultures et des origines, ici elles sont toutes rassemblées dans un archipel formant le paysage commun de l’alliance des forces étrangères engagées pendant la Guerre.
Ce jeu topographique s’amplifie et guide les visiteurs vers le centre où les allées se resserrent dans une végétation de plus en plus dense. Celle-ci s’implante de façon graduelle. La première couronne d’îles, les plus éloignées du centre, sont constituées d’espèces prairiales avec des vivaces conquérantes aux floraisons érigées. La seconde couronne forme une lisière arbustive, principalement constituée d’arbustes persistants sélectionnés pour évoquer les paysages Australiens, comme les graines qui voyagent avec les soldats. La dernière couronne, la plus proche du centre, forme une ceinture arborée. A la période automnale les feuillages flamboyants des amélanchiers, phormium, sporobole,… inondent le jardin de chaleur et contrastent avec les teintes verts grisés des pins, eucalyptus, mimosas et argousiers.
Dans cette couronne, au plus proche du cœur du jardin, les fragments de paysage deviennent de plus en plus remarquables. De part et d’autre, les parois sont renforcées par des pieux en pin noircis au moyen d’une technique de brûlage pour évoquer l’atmosphère des tranchées, invoquant un sentiment de compression.
Les visiteurs s’enfoncent alors vers le centre du jardin, où la lumière est tamisée par la canopée des arbres. Une ambiance de sous-bois les plonge dans une atmosphère de sanctuaire propice à l’hommage et au recueillement.
Dans cette clairière qui s’ouvre sur le ciel, des roches inertes en apparence, éclosent chaque année de floraisons blanches éphémères. Un jardin pour la paix se renouvèle chaque printemps.
L'artiste
ChartierDalix - JMD design | Pascale Dalix, Anton James, Kevin Michels et Harrison Lillis