Roques est une installation paysagère proposant une halte contemplative aux visiteurs des Hortillonnages. Entre poésie et positionnement écologique, l’œuvre interpelle le promeneur sur la fragilité de ce milieu, et plus généralement sur les phénomènes d’artificialisation des sols et de réduction progressive des terres agricoles. Au fil des siècles et sous la pression de l’extension urbaine, la superficie des Hortillonnages est passée de plusieurs milliers d’hectares à 300 hectares aujourd’hui. La quasi disparition du maraîchage a conduit à la modification des limites et de la structure de ce territoire. Et si les Hortillonnages sont aujourd’hui protégés par l’activité des associations agissant pour la sauvegarde de ce site exceptionnel et le retour de la culture maraîchère, entre 60.000 et 80.000 hectares de terres agricoles sont artificialisées en France chaque année, soit l’équivalent de 20 m² de terre par seconde. Comment, face à l’urgence de la transition écologique, rendre les visiteurs des Hortillonnages sensibles à ce phénomène ? Roques prend la forme d’un pavillon dédié aux éléments du paysage : la terre, l’eau et le ciel. Il place le sol au centre de la composition spatiale. L’action sur la matière, la terre et le bois, est le point de départ de la fabrication de cet espace fortement qualifié. Agissant sur les sens du public, Roques donne à repenser son rapport au monde et à la nature : la superficie intérieure de 20 m² correspond à la surface de sol artificialisé chaque seconde en France. Chacun peut ainsi prendre la mesure du phénomène en cours le temps de sa visite. La planche de bois, communément employée pour le maintien des berges des Hortillonnages, est l’élément unique utilisé pour la réalisation de l’installation. Selon le mode constructif traditionnel du bois empilé, les planches sont superposées les unes aux autres, sans colle, ni clous ni vis pour former les murs et la toiture. La construction fait ainsi référence aux palissades de bois omniprésentes sur le site. La toiture en caisson est ouverte sur l’espace intérieur. Elle laisse passer la lumière, le vent et la pluie qui peut tomber sur la terre. Les limites du clos et du couvert ne sont plus perceptibles faisant entrer la nature à l’intérieur de l’espace.
L'artiste
Atelier Faber