« La vision s’opère par l’intermédiaire d’images qui pénètrent dans l’âme. ». Voilà comment Démocrite tente d’expliquer l’inexplicable en interrogeant l’invisible de notre rapport intime à l’environnement à travers la vision.
Comment s’expliquer qu’une vie entière ne suffise pas à estomper ce que chacun ressent au moment d’un coucher de soleil pourtant quotidien ? L’œil est tant habitué aux incidences de la lumière naturelle qu’il y est aveugle. Il suffit de diffracter, de concentrer, de projeter cette lumière à un endroit où elle n’a pas à être, pour qu’elle attrape l’attention et nous devienne enfin palpable. Ce décalage entre la chose naturelle et ce que nous en percevons rend le reste de l’espace visible.
C’est tout l’enjeu de cette installation : mettre en lumière ce décalage. Rendre visible l’invisible par l’expérience à travers une série de dispositifs optiques qui captent la lumière du ciel et la transmettent en dessous de l’horizon de la végétation. Organiser sciemment un coucher de soleil sur l’eau douce des hortillonnages comme écho géographique à la baie de Somme. La lumière du paysage devient alors une substance tangible qui s’incarne entre ciel et étang. Le visiteur regarde et participe à la performance à travers la rencontre de son corps et de la lumière dans le paysage ainsi observé. Il est alors l’œuvre dessinant l’espace produit dans cette distance. Une œuvre chaque jour renouvelée et altérée.
L'artiste
Odysseas Yiannikouris